Le 21 juin 1988, le couvre-feu est instauré dans la capitale. Un mois plus tard, Ne Win démissionne. Mais le peuple birman ne lâche pas prise et défile sans cesse, par dizaines de milliers. Le 3 août, les militaires décrètent la loi martiale dans tout le pays. Le 8 étant un chiffre extrêmement propice pour les Birmans, ces derniers attendent le 8 août 1988 comme le paroxysme de la contestation, et... pourquoi pas le jour de la victoire. Mais en guise de libération, la police tire sur la foule, fauchant des centaines de manifestants.
La détermination du peuple ne faiblit pas. Le 28, à la pagode de Shwedagon, à Rangoun, Aung San Suu Kyi lance un appel au calme, à l'unité et au retour à la démocratie. Dans la foulée, la LND voit le jour. La démocratie semble ne jamais avoir été aussi proche. Mais les chefs de l'armée répriment dans tout le pays, à coups de baïonnettes et de mitrailleuses, les manifestations pacifiques de civils désarmés. Bilan : au moins dix mille morts pour cette seule année, et largement autant d'arrestations. Le 18 septembre, le coup d'Etat du général Saw Maung – au service de Ne Win – anéantit tout espoir.